Histoire de la tour d’Ortholès

Pour décrire l’histoire de la tour d’Ortholès, on peut utiliser en premier lieu une vue aérienne de l’ensemble :

La tour s’inscrit dans un ensemble plus ancien : un château médiéval dont les parties remontent au XIV et au XVe siècles.

Ce château médiéval est formé sur un plan rectangulaire avec puits central dans la cour intérieure, chapelle privée (coté Nord)  deux grandes salles superposées (coté est) avec 2 tours en échauguette (l’une a disparue avec l’effondrement de l’aile sud) et pigeonnier. Le corps de bâtiment (coté ouest) a disparu. Sur la façade sud se trouvent la cuisine avec sa souillarde et le pastadou, un ensemble entièrement vouté avec cheminées et four.

La tour a été construite  à partir des années 1562, au début des guerres de Religion pour protéger les biens et les personnes de la seigneurie.

La tour est reliée au château médiéval par un pont levis au premier étage;

On peut s’appuyer sur les documents d’archives… nombreux et relativement précis dès le XVIIe siècle :

 

 

Décrit par les archives,  le château et domaine se compose en 1694 :

Premièrement  un château avec une tour couverte de tuille d’ardoise  y  ayant une voute  par dessous avec quatre etages et  le  vieux  château  composé  de  plusieurs chambres,  estables, granges et une grande basse-cour,  le tout dans un enclos confrontant avec champs…  

 

Un héritage militaire : 

On  retrouve dans ces diverses tours souvent situées sur le plat pays, des caractéristiques communes avec au rez-de-chaussée, une voûte appuyée sur des murs puissants, et le plus souvent, trois étages successifs desservis par un escalier intérieur en vis, avec pont levis au 1er étage, seule entrée possible.

La tour d’Ortholès, contemporaine du tout début des guerres de Religion, a été construite relativement rapidement (entre 1562 et 1565) et elle est formée d’un appareil régulier et horizontal, avec des chaînages solides aux angles reposant sur une base avec un fruit important, renforçant ainsi sa résistance.   De dimensions rectangulaires (10,65 m X 7,45 m)  elle repose sur des murs de plus de 2 m d’épaisseur à sa base, construits en saillie. Au rez-de-chaussée, se trouve la cave avec une belle voûte en plein cintre; cette pièce n’est ouverte sur la cour intérieure du domaine, que par la porte placée sous le pont-levis et par deux solides petites fenêtres, coté cour. Le petit réduit (prison ?) fait face à l’escalier en vis tournant à droite. Au premier étage, des grilles protégent l’ouverture coté ouest.

 

Cette tour servira essentiellement durant plusieurs siècles de grenier céréalier, de réserves alimentaires en graisse, huile, lards et jambons secs, ainsi que de stockage d’archives. On ne dédaignera pas non plus y entreposer quelques meubles.

Un héritage seigneurial décoratif et ostentatoire :

Au delà des éléments défensifs, la tour recèle quelques aspects décoratifs, voire esthétiques. Elle est aussi un signe emblématique du pouvoir. En effet, au levant et au couchant, le seigneur a fait aménager six ouvertures Renaissance à meneaux  sur les trois étages de l’édifice, apportant ainsi une lumière optimale à l’intérieur du bâtiment. La façade sud, tournée vers la rue, ne porte pas d’ouverture dans un but défensif. Cette façade a été utilisée afin de construire trois conduits successifs de cheminés permettant ainsi de desservir chaque étage. Au dernier étage, se trouve encore une « salle », pièce aristocratique typique où trône une grande cheminée de type Serlio simplifié avec de belles volutes sur les montants. Une comparaison peut être établie avec d’autres modèles comme aux Bourines dans la chambre haute de la tour carrée , ou avec un modèle plus sophistiqué à Cougousse.  

 

A cet ensemble, il convient de rajouter un cadran solaire, véritable « horloge au soleil », sur le versant sud datant de 1587, un des cadrans solaires le plus anciens du Rouergue.

 

Après la Révolution , un héritage religieux :

Lorsque l’ancien fermier du domaine rachète l’exploitation et son bâtiment, en 1817 pour la somme de 2000 francs. En 1865 François Douls propriétaire de la tour la cède aux habitants et paroissiens du village pour en faire une chapelle vicariale consacrée en 1868; désormais les battants n’ont plus besoins de se déplacer à Cayssac pour leur culte.

Un grand retable est mis en place en enlevant le plafond du premier étage.  Au centre figure le grand tableau de Bassot peintre connu représentant l’Assomption de la Vierge

Ce tableau central se trouve aujourd’hui au fond de la nef,  en dessus de l’autel de la cathédrale de Rodez, coté ouest en direction de la place d’armes.

 

Sur la gauche est construit la sacristie; pour cela  le linteau central de la fenêtre Renaissance coté est, est démonté pour créer une porte, tandis qu’à l’extérieur on aménage un grand escalier pour accéder directement au 1er étage. A l’intérieur on aménage encore un confessionnal et des fonts baptismaux.

La tour d’Ortholès est désormais la propriété de la mairie de la Loubière, depuis la désaffection de sa fonction religieuse, par l’évêque de Rodez (ancienne chapelle vicariale).

Elle bénéficie depuis 2012 d’un projet de rénovation et de restauration sous la collaboration conjointe de la mairie, la fondation du patrimoine et l’association du patrimoine bâti de la Loubière


Pour aller plus loin :

 

Voir la vidéo tournée par le club d’archéologie de la MJC de Rodez : ICI